Le Maloya à l’honneur

1 – UN SLAM« Ô MALOYA ! »

Pour le 10ème anniversaire, Force+++ vous offre la PoéVie ou slam de Michelle « Ô Maloya ! » créé sur scène avec l’accompagnement musical et le soutien fraternel du groupe Tibwa, Stéphane Guézille et Gérard Clara, lors du Kabar du 8 juillet 2007 à Saint-Bernard de la Montagne, à l’ancienne léproserie dans le fabuleux festival Ô MALOYA des 6, 7 et 8 juillet 2007.


« Ô Maloya Maloya !

Tous les Hommes sont Frères !!!
Ferme les yeux, Frère et écoute. La musique accompagne ma lettre.
Un Frère c’est une épopée, un grand voyage.
Je traverse ta peau, couleur de tous les continents… et m’unis à ton sang, rouge comme le mien.
Je regarde dans tes yeux et je parcours ce lieu : La Montagne. Saint-Bernard. Léproserie.

Les pierres pleurent encore. Souffrances des chairs en lambeau, de la honte, du rejet. Joie des Frères, des Sœurs en Christ,  acharnés à les aimer, à les soigner.

Ô Maloya Maloya ! Frère rouleur avec le bobre, le triangle, le kayamb, la guitare et autres…
vibrez pour honorer Frère Raimbaud, Filles de Marie, Marie Madeleine de la Croix (avec pour la première fois en égalité des sœurs noires et blanches anciennes esclaves et filles d’ex-maîtres), Raoul Follereau. Vibrez pour honorer les cœurs de fraternité et de justice : tant et tant, dont le notre, dont ceux des Anciens, de tes Transmetteurs, oh Maloya, à travers les siècles.

J’écoute ton cœur Maloya. Tu m’emportes. Avec toi, je redescends à la mer…. jusqu’aux fonds de cales. L’enfer fait aux noirs. Je suis leurs larmes, leurs silences. Lourd silence. Je perds jusqu’à mon nom, ma lignée, suis esclave en plantation ou en maison.

Ô Maloya Maloya ! Délivre-moi de la haine et de la rage. Gandhi, Martin Luther King, Bob Marley, Steve Biko, Nelson Mandéla… ramenez nous au Pays Doux  !

Comme un éclair dans un orage étrange, je remonte le temps, je retrouve le continent africain, mon pays d’origine, ma civilisation importante comme la chinoise, l’européenne, l’indienne.. Je respire enfin. Je reprends toute mon envergure. La Réunion aussi.

Je trace des lignes de mémoire sans interruption,
du présent à tous les passés, traversant tous les enfers esclavagistes et tyranniques, celui de la traite triangulaire, pour rejoindre mon village d’antan, les ancêtres, leurs bienveillances, retrouver la Grande Sagesse de tous tout.
Ces lignes de mémoire me rendent ma Vie avec un grand V.
Je peux être enfin mon présent, Frère du village planétaire.
Alors je redonne à ma main sa réalité complémentaire : son ouverture totale des devoirs avec partage-soins – droitures – non violence et son poing serré des droits avec respect-égalité de valeur–égalité de chances.

Ô Maloya Maloya ! Tu accompagnes le chant, le mot. Frère mot oh combien quand il est au service du Beau, du Bon, du Vrai, du Juste, du Doux
Tu es la note aussi, quand une note noire vaut une note blanche, quand la note écarte les carapaces pour toucher la conscience de chacun, de chaque chose, de chaque mémoire.

Ô Maloya Maloya ! Cœur de résistance et de paradis, éveille-toi davantage au présent. Réveille le Frère qui sommeille encore en nous : femmes et hommes, de l’enfant au vieillard.
Secoue jusqu’à nos pensées parfois si basses.
Libère-nous des esclavages modernes : consommation, porno, prostitutions, assistanat, chômage, maltraitance, violences verbales et autres, irrespect, alcool, drogues, communautarisme, apathie, égoïsme, sexisme, racisme, sectarisme, élitisme, eugénisme, manipulation, préjugés, domination-soumission…

Ô Maloya Maloya ! Une dernière fois, tu m’entraînes. Où ? Là haut dans le ciel. Vers quelle compassion ? Vers quelle action ? C’est notre île qui t’importe. Je descends en son âme et j’entends sa plainte. La Réunion a mal : mal à ces tunnels sans autorisation donnée par la nature, aux pollutions, aux animaux souffrants, à la nature bafouée, pressurée jusqu’à la mort, aux avidités qui font croire à certains que tout leur appartient.

Ô Maloya Maloya ! Tu nous réunis en Fraternité et en vigilance, comme ici à l’ancienne léproserie.
L’île a chaud au cœur, à nouveau.
Oui ici et ailleurs, dans toutes nos couleurs, toutes nos religions ou philosophies, toutes nos origines, toutes nos conditions riches ou pauvres, tous nos états de santé, dans tous nos âges,
tu nous secoures.
Tu nous inspires des pensées, des gestes, des créations, des mots, des actes radieux de Justice, de Paix, d’Égalité et d’Entraide…
Frère maloya maloya sois-en un des garants,
comme toi, comme moi, comme nous.

Mercis. »

Michèle Pétraz-Portier

2 – HISTOIRE – ACTUALITES

Maloya. Jean Fabrice Nativel© J-F Nativel  

  • Nout’ maloya lé mondial !

En octobre 2009, le maloya  inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO

  • Maloya sacré, extrait de « Po mwin maloya », Danyèl Waro

Amwin mi yinm mi yinm minm  Maloya la la mon Bondyé.  Amwin mi yinm mi yinm minm;  Maloya la lam Bondyé

Je te vénère ô Maloya. Tu es mon Dieu. Je te vénère ô Maloya.  Toi l’âme de Dieu.

  • «Cette musique est, chantée en créole réunionnais en plus de mots malgaches et africains, accompagnée d’onomatopées destinées à appeler les esprits dans le cadre rituel des services rendant hommage aux ancêtres (cf. kabaré). »

«Le terme maloya a plusieurs significations suivant les dialectes africains, principalement de l’Afrique de l’Est. Au Mozambique, maloya signifie : « incantation, sorcellerie » ; au Zimbabwe : « grand sorcier  » ; en bambara : « honte  », et à Madagascar maloy aho veut dire : «  parler, dégoiser, dire ce que l’on a à dire ». Dans de nombreux dialectes africains, il signifierait « peine, douleur, mal-être ».

« Si d’autres instruments peuvent s’y rajouter, le roulèr est prépondérant pour le maloya tel qu’on le définit de nos jours. Des instruments traditionnels comme le kayamb, le pikèr, le sati ou le bobre sont aussi courants et restent la base du maloya traditionnel.»  Wiképédia.

  • « Le Maloya est à la fois une forme de musique, un chant et une danse propres à l’île de la Réunion. (…) Le Maloya a été créé par les esclaves d’origine africaine et malgache dans les plantations sucrières, avant de s’étendre à toute la population de l’île. Jadis dialogue entre un soliste et un chœur accompagné de percussions, le Maloya prend aujourd’hui des formes de plus en plus variées, au niveau des textes comme des instruments (introduction de djembés, synthétiseurs, batterie…). Chanté et dansé sur scène par des artistes professionnels ou semi-professionnels, il se métisse avec le rock, le reggae ou le jazz, et inspire la poésie et le slam.

« Autrefois dédié au culte des ancêtres dans un cadre rituel (*), le Maloya est devenu peu à peu un chant de complaintes et de revendication pour les esclaves et, depuis une trentaine d’années, une musique représentative de l’identité réunionnaise. Toutes les manifestations culturelles, politiques et sociales sur l’île sont accompagnées par le Maloya, transformé de ce fait en vecteur de revendications politiques. Aujourd’hui, il doit sa vitalité à quelque 300 groupes recensés dont certains artistes mondialement connus, et à un enseignement musical spécialisé au Conservatoire de la Réunion. » extrait Lire article UNESCO

(*) toujours pratiqué.

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