6 exemples ⇑ clic sur chaque photo. ⇓ Noirs, Blancs = Humains

Franz Fanon nous dit * : « Pour nous, celui qui adore les nègres est aussi "malade" que celui qui les exècre.
Inversement, le Noir qui veut blanchir sa race est aussi malheureux que celui qui prêche la haine du Blanc. (Extrait « Introduction »)
Vais-je demander à l’homme blanc d’aujourd’hui d’être responsable des négriers du XVIIe siècle ?
Vais-je essayer par tous les moyens de faire naître la Culpabilité dans les âmes ?
La douleur morale devant la densité du Passé ? Je suis nègre et des tonnes de chaînes, des orages de coups, des fleuves de crachats ruissellent sur mes épaules.
Mais je n’ai pas le droit de me laisser ancrer. Je n’ai pas le droit d’admettre la moindre parcelle d’être dans mon existence. Je n’ai pas le droit de me laisser engluer par les déterminations du passé.
Je ne suis pas esclave de l’Esclavage qui déshumanisa mes pères. (…)
La densité de l’Histoire ne détermine aucun de mes actes.
Je suis mon propre fondement.
Et c’est en dépassant la donnée historique, instrumentale, que j’introduis le cycle de ma liberté.
Mais moi, l’homme de couleur, dans la mesure où il me devient possible d’exister absolument, je n’ai pas le droit de me cantonner dans un monde de réparations rétroactives.
Moi, l’homme de couleur, je ne veux qu’une chose :
Que jamais l’instrument ne domine l’homme. Que cesse à jamais l’asservissement de l’homme par l’homme. C’est-à-dire de moi par un autre. Qu’il me soit permis de découvrir et de vouloir l’homme, où qu’il se trouve.
Le nègre n’est pas. Pas plus que le Blanc.
Tous deux ont à s'écarter des voix inhumaines qui furent celles de leurs ancêtres respectifs afin que naisse une authentique communication. Avant de s'engager dans la voix positive, il y a pour la liberté un effort de désaliénation. Un homme, au début de son existence, est toujours congestionné, est noyé dans la contingence. (…)
C'est par un effort de reprise sur soi et de dépouillement, c'est par une tension permanente de leur liberté que les hommes peuvent créer les conditions d'existence idéales d'un monde humain. (…)
Pourquoi tout simplement ne pas essayer de toucher l'autre, de sentir l'autre, de me révéler l’autre ?
Ma liberté ne m’est-elle donc pas donnée pour édifier le monde du Toi ?
À la fin de cet ouvrage, nous aimerions que l’on sente comme nous la dimension ouverte de toute conscience.
Mon ultime prière :
O mon corps, fais de moi toujours un homme qui interroge ! »
(Extraits « « En guise de conclusion »)

* «Peau noire, masques blancs». Franz Fanon.

 

Ce texte ré-ouvre les portes de ce toi ou de ce moi qui naquit, noir ou blanc ou autre, humain de peau, pas toujours sage de cœur et du reste, mais qui aspire à vivre sa part d’Humanité. L’équipe de la collégiale associative Force+++ libère quelques voix, quelques existences dignes et exemplaires, de cette époque ou d’avant.
Nous puisons dans les lignées noires ou égalitaires de toute couleur qui auraient tout pour être amères, si elles n’avaient pas été irradiés de notre reconnaissance intergénérationnelle et de libérations de tous les enfermements.  Elles font là racines à nos arbres de Vie, à nos constructions intérieures, encore plus qu’extérieures, pour les respects et la lucidité de soi comme de chacun.